Événements
- Détails
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Publication : jeudi 19 mars 2020 16:13
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par Remy Dufont
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Où
Paris, France
Quand
3-9 Février 2020
En ce début d'année 2020, nous voici à Paris pour la traditionnelle « Car Week ». On se retrouve devant les Invalides pour la vente aux enchères de la maison RM Sotheby's, puis direction Porte de Versailles pour Rétromobile.
Une brochette de 3 Delahaye 135 ouvre le bal. A l'époque, on achète un châssis, ensuite direction les carrosseries indépendantes. Ici, une d'entre elles vient de chez Chapron (partie pour 32 200€), une autre de chez Figoni et Falaschi (partie pour 376 250€) et la dernière, la grise avec son style goutte d'eau rappelant Figoni et Falaschi aussi, est partie pour 455 000€.
De l'autre côté de la tente, on trouve une flopée de supercars, dont cette très originale Gemballa Mirage GT Gold Edition. C'est la 7ème produite sur 25 Mirage GT, et plus particulièrement une des 3 Gold Edition. Elle se distingue par des rétroviseurs en carbone or, au même titre que d'autres éléments de carrosserie comme les bas de caisse, lame avant, aileron, prise d'air du toit. Le traitement intérieur est similaire, avec de l'alcantara noir surpiqué or partout. C'est vraiment bien fini. L'autre particularité réside dans la peinture de la voiture : de loin, on la voit noire, mais plus on se rapproche, plus on se rend compte de la multitude de paillettes multicolores incrustées dans le vernis. C'est très kitsch, on aime ou on aime pas. Samuel Eto'o, footballeur de talent et collectionneur émérite de supercars, avait fait ce choix très audacieux à l'époque de sa transformation chez Uwe Gemballa. Estimée 775-875 000€, elle n'a pas trouvé preneur dans la salle.
Probablement un des plus gros lots de cette vente aux enchères était cette rarissime Lamborghini Veneno Roadster. Cet exemplaire a tout du chasseur F117 Nighthawk : les lignes acérées sont très bien soulignées par la peinture noire mat (elle était initialement Verde Singh), l'intérieur vert est bourré de touches de carbone, et les vitres (pare-brise aussi) teintées renforcent le caractère bestial de l'engin. Estimée entre 4 500 000-5 500 000€, elle n'a pas atteint le prix de réserve. Il faut dire que, la dernière vendue en date étant partie pour plus de 8 000 000€ (dans des circonstances étranges), on était en droit de s'attendre à un joli score, mais il n'en fut rien.
Que serait une vente aux enchères de Sotheby's sans sa traditionnelle Bugatti Veyron ? Ici encore, un très bel exemplaire de Super Sport configuré de manière originale était proposé à la vente. Peinture Blanc Brillant et Bleu Nuit Perle, intérieur Bleu Indigo/Bleu Pebble Beach, la combinaison est vraiment très jolie. Pas mal d'éléments peints (calandre, trappe à carburant, prises d'air NACA, plan inférieur de l'aileron, jantes) sont en vérité des options, ce qui rend cette voiture assez spéciale. Elle fut vendue pour la coquette somme de 1 523 750€.
La star de cette vente était incontestablement cette splendideJaguar Type-D de 1955. Nom de code XKD 520, c'est la 7ème Type-D produite. Elle dispose d'un passé riche en compétition, notamment en Australie, aux mains de son premier propriétaire Bib Stillwell, un champion australien. Elle fut également propriété de Richard Attwood, vainqueur des 24H du Mans 1970 sur Porsche 917. La voiture est très jolie, très bien conservée, surtout dans sa livrée British Racing Green des plus emblématiques. Estimée 5 900 000-6 400 000€, elle n'a pas non plus trouvé acquéreur (prix de réserve).
Parmi les autres lots, on trouve une Spyker C8 Laviolette, 2 Alpina, une XJ220, une BMW 507 immaculée, une Mercedes-Benz 600 Pullman 6 portes, et une Ferrari 365 Daytona Spider. De bien belles choses proposées cette année.
Basculons ensemble du côté de la Porte de Versailles afin d'assister aux préparatifs de Rétromobile. Cela faisait des années que je n'y étais plus allé. J'avais de mauvais souvenirs, les allées étaient étroites, les stands très mal agencés, les uns sur les autres, on circulait très difficilement. J'ai été agréablement surpris par l'espace global accordé (il n'y a plus que le P1 comme avant, mais 2 autres halls), c'est un bon point. On démarre par le stand Lamborghini, où trône une des 4 Miura SVJ. Le châssis 4860 fut acheté en Allemagne en 1973. La voiture est ici entièrement remise à neuf, c'est très joli à regarder.
Bugatti présentait son programme « La Maison Pur Sang », une espèce de pôle historique qui permettra, à l'instar de Ferrari Classiche, d'identifier les modèles authentiques, les certifier et les entretenir dans les règles de l'Art. Pour l'occasion, ils ont réuni une belle brochette de véhicules exceptionnels : une EB110 SS, une Type 35 GP de toute beauté (un de mes coups de cœurs), et une immanquable Veyron, mais pas n'importe laquelle. Cet exemplaire de Grand Sport « Type 35 Edition » porte le dernier numéro de châssis, le #4935. Ce qui en fait la dernière Veyron fabriquée et livrée à Molsheim, ce qui n'est pas rien. Le stand est vraiment un des plus jolis.
On reste dans le thème avec le stand 110% qui expose ni plus ni moins que les 2 seules Bugatti EB110 de compétition. La bleue est la version « Le Mans » qui a couru dans la Sarthe en 1994. Pour l'anecdote, aucune Bugatti n'a fini la course mancelle depuis la 2nde Guerre Mondiale. La grise devait avoir une carrière en IMSA, mais il n'en fut rien. Elle était engagée par Gildo Pastore au Mans 1996, mais une sortie de piste rendit la voiture irréparable pour prendre le départ le Samedi. Après un rachat de pièces lors de la faillite de Bugatti, elle fut reconstruite puis courut une dernière course en BPR avant de finir immatriculée pour la route. De quoi bien s'amuser sur les hauteurs de Monaco !
Le Mans, parlons-en. Chez Richard Mille, c'est Mclaren Land ! En effet, on retrouve un sacré alignement de Mclaren F1, à commencer par 01R, gagnante des 24H du Mans 1995, excusez du peu. A ses côtés, une Longtail, 20R, qui termina 2ème du Mans 1997. 05R, la « Cesar » du nom de l'artiste Cesar Baldaccini qui habilla sa carrosserie (13ème au Mans 1995), trône à ses côtés. Une F1 de route côtoie la première Mclaren de route, la M6GT de 1968, rarissime voiture (3 exemplaires) dotée d'un V8 de 375cv pour un poids n'excédant pas 800kg. Enfin, une Senna GTR représente l'avenir de la voiture de circuit pour la marque de Woking.
A 2 pas de là, on trouve le plus frenchy des revendeurs anglais, j'ai nommé Girardo and Co. Leur podium est tout bonnement incroyable, avec la lignée presque intégrale des supercars Ferrari (288 GTO, F40, F50, Enzo), une des 12 Maserati MC12 Corsa, dans un orange des plus vifs. On trouve au milieu la Ferrari 412 T2 1995 qui permit à un certain Michael Schumacher de faire ses premiers tours de roue au sein de la Scuderia Ferrari, avec la fabuleuse histoire qu'on connait par la suite. Vraiment, les voitures sont dans un état cosmétique remarquable, ce qui n'est pas toujours le cas sur ce genre de salons. Cela montre une certaine rigueur appréciable par les potentiels acheteurs.
Par ailleurs, on découvre quelques petites pépites au détour d'une allée, comme cette Enzo jaune accompagnée d'une Aston Martin DB4GT déjà aperçue à Essen l'an dernier, ou encore de ces 3 GT Ferrari (360, 430 et 458) en version « plain body » sans sponsor, un autre stand magnifique. Une des plus grosses surprises pour moi fut la Porsche 917LH « psychédélique », presque cachée entre les gros exposants.
Pour un retour au salon Rétromobile, assister aux préparatifs m'a permis de reconsidérer positivement cet événement qui avait, il y a quelques temps, sombré dans le « too much » au niveau du ratio exposants/place disponible. J'ai, malgré moi, raté le hall 2, mais je pense renouveler l'expérience l'an prochain, pour la journée presse notamment.