Lorsque Peter Auto annonça le Rallye des Légendes en début d'année, cela engendra un intérêt vif chez la communauté des passionnés automobiles. En effet, ce rallye nous mit l'eau à la bouche en proposant de rassembler les voitures les plus rares et inestimables pour céléber l'art de vivre à la Française. On parle d'oeuvres d'art automobiles élevées au rang d’icônes dans l’imaginaire collectif présentes sur la liste des autos éligibles. Le cocktail est alléchant avec au programme la découverte d’une région française, différente chaque année, un parcours quotidien d’au maximum 250 kilomètres sur les traces d’épreuves spéciales célèbres, un roulage sur un circuit et la visite des hauts lieux du patrimoine local. Puis vint le silence radio, aucun communiqué de presse, ni marketing, ni annonce d'itinéraire, rien. Ca sentait le roussi jusqu'à la fuite d'une liste de voitures participantes sur les réseaux sociaux et les premiers posts où le lieu de rassemblement fut dévoilé qui ravivèrent les esprits.
C'est à la Baumanière, un hôtel de luxe niché près des Baux-de-Provence, que les voitures se rassemblèrent au coeur de la Provence. Je commence la journée par un état des lieux rapides du parking de l'hôtel. De magnifiques Aston Martin sont présentes, comme la DB4 GT Zagato et deux DB4 GT dont une sublime bleue ciel. Non loin, une Ferrari 250 GT California Spyder, un duo d'Alfa avec une Giulietta SZ et une magnifique 1900 Super Sport Zagato et j'en passe. Sous bache, le graal Ferrari 250 GTO se cache et ne roulera pas du rallye. Contrairement à la Matra MS 660 et la Shelby Cobra de 1965. La liste n'est pas totalement respectée mais le plateau s'annonce déjà grandiose.
Je ne traine pas et je me poste non loin de la sortie de l'hôtel sur un spot offrant plusieurs possibilités dont une vue sur le village perché des Baux-de-Provence. La première à s'élancer est la Porsche 365 Speedster vers 9h. Le passage d'une Ferrari 275 GTS est une sacrée surprise ne l'ayant pas vu sur le parking. Je reste scotché devant les lignes de l'Alfa Romeo 8C 2300 bleue, suivie par le duo de Cobra. La Matra et la Porsche 911 Carrera RSR réveillent définitivement la campagne. Je décide de prendre la route après le passage tardif la DB4 GTZ.
Je me retrouve dans les roues d'une McLaren 720S d'un superbe bleu que je suis jusqu'à l'autoroute. En arrivant au début de l'ascension du col du Grand-Sambuc, j'aperçois des photographes sur le qui vive au bord de la route et je décide de me garer dans une épingle proche du sommet. J'entends l'écho des photographes racontant qu'une dizaine de voitures sont passées et cela me conforte dans mon choix de m'être arreté. L'ascension de ce col est vraiment unique, le tracé bien que court offre de belles sensations de conduite sur une route étriquée entre les parois du massif de la Sainte-Victoire. Je grimpe sur une butte qui m'offre une vue en contre-plongé sur un puit de lumière intéressant.
Une fois passées, je me dirige vers le circuit du Sambuc d'où je peux entendre les échappements résonner dans la montagne. C'est d'ailleurs surprenant de trouver un circuit complètement perdu ici. L'ambiance est authentique et sommaire. On se croirait sur le circuit du dimanche pour les virées matinales entre potes. Après avoir observé les voitures depuis une grand boucle, je tente ma chance et m'approche vers les stands et parking. Je me retrouve nez à nez avec une superbe Ford GT40. La plupart des voitures restent à l'arrêt. La McLaren 720S offre des tours aux participants, tout comme la Ferrari 250 GT SWB et l'Aston Martin DB4 GTZ qui déboullent à toute vitesse sur la ligne de départ. Le temps passe vite et les participants reprennent la route vers leur pause déjeuner.
Je repars au milieu du convoi. Devant moi, j'ai une Cobra suivie de la California Spyder et la Lamborghini Espada, dans mes rétros j'aperçois la DB4 GT bleue ciel et la 275 GTS. La descente du col restera longtemps gravée dans ma mémoire. Le parcours était très agréable mais les émotions sont probablement décuplées grâce au contexte si unique qui ne se reproduira pas de si tôt. Certaines autos stoppent au niveau d'une Porsche 910 de 1961. Je poursuis la Cobra qui a le pied un peu trop léger pour la DB4 GT qui perd patience et nous dépasse pour filer à toute allure. Lorsque la 275 GTS fit de même, je décida de rester dans son sillage pour continuer à prendre de l'avance sur les suiveuses. Finalement, je m'arrête sur une route bordée d'arbres, que j'aurais du mal à exploiter correctement tant le traffic aura eu un timing horrible. Je rejoins le parc fermé à la Lustrerie Mathieu à Gargas pour quelques derniers clichés.
Je conclurais la journée sur ce moment tant la suite de l'itinéraire est flou et qu'il me reste encore 4h de route pour rentre à la maison. Pour une virée à l'improviste sous le signe de l'incertitude, je suis plutôt satisfait du résultat qui m'offre un beau souvenir de cette journée sublime avec un plateau de grande qualité. Je reste cependant frustré quant au manque total d'ouverture de cet évènement. Alors que Peter Auto nous a habitué à l'opposé durant de nombreuses années, que ce soit sur circuit, au domaine de Chantilly ou sur les routes de France. Célébrer l'art de vivre à la Française mais en exclure totalement le public si fidèle est vraiment une tare. Je comprends cependant le besoin de conserver l'anonymat pour garantir une sentiment d'exclusivité aux participants et les laisser profiter de ces moments uniques. Néanmoins, je souhaite une pleine réussite à ce nouveau concept qui nous a déjà bien ébloui et reste curieux de voir les prochaines éditions.